Waldemar Kita

Nous en avons profité pour revenir sur une conférence de presse datant du 17 décembre. Dans le cadre du lancement de l'opération « Coup de coeur » de l'agence de communication du club, Waldemar Kita avait, spontanément, rappelé que le FC Nantes restait, avec sa petite cinquantaine de salariés administratifs, une entreprise surdimensionnée, davantage taillée pour la Ligue des champions que pour la L1 et, a fortiori la L2. Lui qui injecte plus d'un million d'euros par mois de ses deniers pour permettre à la maison jaune de surmonter le déficit structurel qui découle de cet effectif, avait indiqué avoir « déjà programmé » une éventuelle non-accession en Ligue 1. Ceux qui savent lire entre les lignes avaient sans doute compris de quoi il retournait. En marge du plateau de France 3, Waldemar Kita a confirmé sans ambiguïté qu'il avait un plan de restructuration prêt à l'emploi, avec, bien entendu, des réductions de postes. Et de se souvenir que ses ennuis à Nantes avaient commencé par là. « À peine avais-je regardé ce que Dassault voulait faire (NDLR : supprimer 20 postes) que déjà cela fuitait dans la presse... » Ses opposants avaient trouvé là un argument de campagne, et le président du FCN avait reculé. Mais si Nantes doit passer une troisième saison en Ligue 2, cette fois, il en passera par une coupe claire.

Il n'y a plus d'abonné au numéro que vous avez demandé. Gilles Favard n'a pas seulement changé de portable, le conseiller sportif du président Waldemar Kita a également disparu du paysage nantais. Il n'était pas du déplacement à Lille et ne sera pas davantage à La Beaujoire samedi pour la réception de Laval. Il n'est pas limogé du FC Nantes pour la simple et bonne raison qu'il n'était pas salarié, juste appelé par la famille Kita à s'évaporer dans la nature. Bien sûr, vous ne trouverez personne pour affirmer ou infirmer sa mise à l'écart.

Les formateurs veulent un directeur

Si vous voulez tuer votre chien, il vous suffit de dire qu'il a la rage. Si vous souhaitez vous débarrasser du colérique Gilles Favard, il convient d'échafauder un scénario qui tienne la route. Par exemple que les formateurs maison - Samuel Fenillat, Stéphane Ziani et Mathieu Bideau - ont réclamé sa mise à l'écart en raison de ses relations conflictuelles avec les gamins du centre. Si l'imposant Favard a effectivement tancé la directrice administrative et financière, Blandine Capitaine, à en faire résonner les murs de la Jonelière, si le successeur de Christian Larièpe - dans les faits mais pas dans les textes - a pu secouer dans un jargon trivial quelques jeunes pousses, si ses dernières négociations avec un agent ont tourné au pugilat, en revanche ses relations avec les valeurs refuge de la maison jaune n'ont pas connu de dégradations particulières. Il serait plus juste de dire que les formateurs ont réclamé à leur président une personne à plein-temps au club faisant office de directeur sportif et administratif. Favard ou un autre.

Car qui fréquente avec assiduité la Jonelière doit constater que la poussière a le temps de s'incruster. Pour un match le samedi, la rutilante limousine noire dépose habituellement Franck Kita le jeudi en fin de matinée. Le reste du temps, le FC Nantes continue de se gérer de la capitale.

Entre la famille Kita et Gilles Favard, l'incendie couvait en fait à petit feu depuis une bonne quinzaine de jours. Le président recevait de plus en plus d'impresarii, mais sans obligatoirement en alerter son bras droit. Le divorce a été prononcé avec l'affaire Carole, quand l'ancien des Girondins de Bordeaux a trouvé Waldemar Kita et l'agent de Lionel Carole se tapant sur le ventre comme deux vieux amis alors que le même manager était un an plus tôt persona non grata. La signature du Strasbourgeois Quentin Othon a pu laisser croire à un rapprochement, mais ce n'était que façade.

Les cadres ne restent décidément jamais bien longtemps en place à la Jonelière : Claude Robin, Christian Larièpe, Pascal Praud et aujourd'hui Gilles Favard. Date d'entrée : juin 2009, décroché du portrait famille en février 2011. Kita père et fils ont donc fait le vide en attendant de pouvoir satisfaire leurs jeunes techniciens ou de tirer eux-mêmes leur révérence faute de pouvoir continuer à arroser financièrement. Baptiste Gentili n'ira pas pleurer son plus cher ennemi et Alain Merchadier se cherchera un ami pour lire ses rapports. Nantes est éternel...

Trois défaites et un nul en 2011, un jeu collectif en totale déliquescence. Les Canaris (11es) dégringolent, au point de parler davantage de maintien que de montée. Un discours inconcevable pour Kita.

Un groupe au bord de l'implosion. Samedi, après le revers vannetais (1-0), Damien Tixier a mis les pieds dans le plat. Il a stigmatisé la propension de certains à prendre la grosse tête. Les jeunes sont dans le viseur : Rodelin, Négo et Djilobodji notamment. Sollicités par des clubs plus huppés, ces derniers sont davantage préoccupés par leur avenir et le nombre de zéro sur leur futur bulletin de paie que par le destin du FCN. « Quitte à se mettre des coups à l'entraînement, il faut y aller ! », préconise Tixier. Pas sûr que ça soit la meilleure solution toutefois.

Un coach de plus en plus seul. Gentili se sent-il menacé ? Sans doute. Fin janvier, le président Kita l'a remis à sa place et lui a clairement signifié que ce n'était pas l'entraîneur le patron. Plus grave, Gentili sent que son groupe lui échappe. Ce n'est pas nouveau, mais les mauvais résultats amplifient le malaise. Certains joueurs déplorent des incohérences tactiques, mais remettent surtout en cause les séances de travail concoctées par le coach et son staff.

Que peut faire Kita ? Le FCN n'est pas encore totalement largué pour la montée (5 points du 3e). Mais il y a urgence. On le sait, le président est peu scrupuleux quand il s'agit de virer un coach. En interne, Kita a des solutions. Anziani (adjoint), Bonnevay, Ziani et Amisse ont le DEPF. Toutefois, pour l'opération montée en L1, Kita serait plus enclin à faire venir un vieux briscard, un homme à poigne. Pour une mission sur du court terme. Jean-Michel Cavalli est très apprécié par le président nantais. Son nom bruisse toujours à la Jonelière…

20 décembre 2010. Vainqueur au Havre (1-0) à l’issue d’un match maîtrisé, le FCN pointe à la 4e place, ex-aequo avec Sedan, alors 3e. Rien ne semble impossible à ces Canaris-là. Mais quatre matches, un seul petit point et une crise plus tard, ils sont 11es, à 5 longueurs du podium. Plus que l’écart, c’est le nombre d’équipes à dépasser (huit) qui pose problème. Encore faut-il recommencer à gagner !

Des caisses vides

À l’en croire, Waldemar Kita a déjà englouti 60 à 70 millions d’euros de sa fortune dans le club.

Cette saison, il serait obligé d’injecter 1 million d’euros pas mois.

Possible, car entre les choix sportifs aussi hasardeux que coûteux, une L2 beaucoup moins rémunératrice que la L1, les sponsors qui, les uns après les autres, quittent le navire (même si d’autres, comme Anvolian arrive) et le public qui ne vient plus, le FC Nantes vit aux crochets de son président.

Des tribunes clairsemées

La raison, parmi d’autres, des problèmes financiers du FCN ? La désaffection de la Beaujoire. Depuis le début de la saison, les Canaris jouent, en moyenne, à domicile devant - officiellement - 11 326 spectateurs. La plus grosse affluence de L2 mais seulement le 16e taux de remplissage (29,80 %).

Problème : les chiffres annoncés ne correspondent pas forcément à la réalité constatée sur place.

Le FC Nantes ne fait plus recette. Pourquoi ? Deux raisons au moins : une image brouillée et un spectacle proposé trop souvent indigent.

Un club sans âme

L’état de crise permanent dans lequel est plongé le club, les changements incessants d’hommes aux postes clés (entraîneurs, directeurs sportifs, directeurs délégués…), les recrutements de joueurs en dépit du bon sens, la personnalité d’un président autocrate ont fini de tuer ce qui restait du FCN après les années Socpresse. Un constat fait, d’ailleurs, par Waldemar Kita et son entourage.

Dans l’optique d’une revente (que, officiellement, ils n’envisagent pas !), ils tentent de redonner au club une meilleure image, en rendant à la formation la place qu’elle n’aurait jamais dû perdre. En tout cas plus susceptible d’attirer les investisseurs.