Stéphane Ziani démissionne !

Incompatibilité d'humeur avec la direction.
Mardi 14 juin, Stéphane Ziani claquait la porte de la Jonelière, avant dix jours plus tard de réintégrer son poste de directeur technique. Il avait parlé d'un acte spontané, d'avoir voulu provoquer un électrochoc. Il en fallait davantage pour soigner sa différence avec la famille Kita, ou du moins sa manière d'appréhender le fonctionnement d'un club de foot, celui de son enfance. Alors, hier midi, il a pris son téléphone pour annoncer à Waldemar Kita qu'il arrêtait sa mission, car il ne s'inscrivait plus dans le projet, « de toute façon, il n'y a pas de projet ! ». En soirée, il a accepté de s'expliquer devant les médias, librement, sans nier la réalité du FCN.

Cette fois, vous ne reviendrez pas ?

C'est mûrement réfléchi, au risque de paraître une girouette et que l'on puisse dire : il ne sait pas ce qu'il veut. Si, justement ! Je préfère arrêter la collaboration avec le club de mon coeur par intégrité, honnêteté, car je ne suis pas convaincu qu'en allant dans cette direction, on puisse voir la lumière. C'est un fonctionnement qui ne marchera pas. Entre le manque de confiance, le bricolage, des dossiers mal tenus... On dit blanc, on fait noir, même pas gris, on est toujours dans la suspicion, on divise, on balance des conneries, on n'assume pas, on se laisse aller à des déclarations hors du club. Ils ont de la chance. En ce moment, ils ont des gens intègres, honnêtes (le staff technique) qui ne cherchent pas à les « baiser » !

« Des gens malsains à la Jonelière »

Vous parlez de la famille Kita ?

Quand il (Waldemar Kita) ne parle pas de foot ou qu'il n'est pas dans l'action, c'est quelqu'un d'humain, de sympa, qui te donnerait sa chemise. C'est surprenant d'ailleurs. Franck Kita, c'est quelqu'un de bien élevé, de humble. Sauf que dans l'action, ils sont totalement différents, ils paniquent vite. On ne peut pas dans une même journée dire tout et son contraire, céder à des parasites extérieurs. À la Jonelière, Il y a des gens d'une grande compétence, d'une intégrité exceptionnelle, dévoué pour ce club mais aussi des gens malsains qui ne foutent rien, du moins qui passent leur temps à colporter des bruits, à être négatifs. Je ne m'inscris pas là-dedans. C'est là-dessus également que nous avions des points de divergence. J'aurais vraiment fait le ménage afin que nous ayons, comme sur le terrain, une équipe cohérente et qui soit saine d'esprit.

« Je ne marche pas sur la tête des gens pour qu'elles partent »

Vous parlez de salariés ?

Oui, même au féminin. Cela doit être dur de payer des gens qui ne foutent rien... C'est bien de faire le constat, mais à un moment, il faut être dans l'action. Si on veut retrouver une cohérence, il faut trancher sur le sportif, mais aussi sur les personnes qui animent le sportif. Il y a des gens malsains à l'intérieur du club, qui s'accrochent davantage à leur poste, à leur salaire et leurs avantages qu'à l'intérêt du FCN. On arrive le dernier, on repart le premier. Maintenant, vu que la direction n'est jamais là... C'était leurs yeux. Je le savais déjà, puisque pour certains ils étaient déjà là quand j'étais joueur. Sans parler comme un vieux con, la force du FCN, c'était que tout le monde tirait dans le même sens et que chacun restait dans son domaine.

La famille Kita vous attendait avant tout dans le dégraissage de l'effectif ?

Ce n'était pas ma mission première de récupérer les conneries des autres. J'ai eu des propositions pour des joueurs qui ont refusé de partir, pour des raisons financières, d'autres pour des raisons qui leur appartiennent. Je pars du principe suivant : quand on les a fait signer, on n'a pas mis un flingue sur la tempe du président ou de son fils. Je suis quelqu'un qui respecte et honore ma parole, à partir de là, pour qu'il y ait un départ, il faut que tout le monde y retrouve son compte. On ne peut pas faire payer ses erreurs aux autres. D'un coup de baguette magique, Stéphane Ziani ne peut pas effacer ces contrats et marcher sur la tête de personnes pour qu'elles partent.

Le fait que Waldemar Kita ait voulu par exemple faire partir Jean-Jacques Mandrichi en Grèce, alors qu'il vient tout juste d'arriver, vous a choqué ?

Si ma démission est liée à ça, non, mais c'est un élément sur lequel nous n'étions pas d'accord. Ce n'est pas cohérent de recruter un mec il y a deux semaines et de vouloir le revendre aujourd'hui car on le trouve nul ou ceci, cela. Si l'entraîneur me dit au bout de six mois qu'il n'en veut plus car ce n'est pas le profil qui faut, qu'il n'arrive pas à s'adapter, qu'il a un mauvais état d'esprit, ok je peux revoir la question car on a suffisamment de recul. Aujourd'hui, ce n'a pas été à la demande du coach. Après, pourquoi ? Faire tourner le business ? Je n'ai pas la réponse. Ce n'est pas le seul joueur qu'il veut faire partir. Le recrutement, c'est l'anticipation. J'avais d'ailleurs pris la décision de ne pas suivre les matches mais d'animer une cellule recrutement. Je voulais proposer au président plusieurs solutions, soit avec d'anciens joueurs travaillant à la pige, soit avec des gens qui ne fassent que ça. On bossait, on fermait « notre gueule » et on avançait...

Propos recueillis par Ch. DELACROIX. Ouest-France