[2éme journée] FC Nantes / SC Bastia

La première à domicile n'aura pas offert le résultat tant espéré, hier soir à la Beaujoire. Une victoire à la maison aurait relevé du miracle pour une nouvelle formation en manque de repères. Si la première sortie à Sedan avait, malgré la défaite, laissé entrevoir quelques espoirs, les Corses, vainqueurs 2-0, ont mis en lumière les limites actuelles du groupe de Landry Chauvin.

Plus vifs et plus rapides, les joueurs de Frédéric Hantz n'ont pas hésité à mettre la pression et la punition a été cinglante dès le retour des vestiaires. Sauvée de justesse par Veretout, la tête de Diallo sur le poteau aurait pu ouvrir le score (46e) mais c'est finalement sur un coup franc de Khazri rasant le poteau que Bastia ouvrait la marque. Quatre minutes plus tard, le fossé se creusait avec une frappe de Suarez actionnée par Diallo et Khazri.

« Jordan n'a rien lâché »

Le coup de trop pour un FC Nantes en manque de réussite. « On sent que le groupe n'est pas suffisamment costaud mentalement. Après le premier but, on aurait dû resserrer les rangs au lieu de se disloquer. C'est une grosse déception », lâchait Landry Chauvin, particulièrement navré d'avoir manqué l'un des gros objectifs de ce début de saison. « Je l'attendais cette victoire. Mais, en seconde mi-temps, on a beaucoup trop couru, les récupérations n'ont pas été bien utilisées. Ce n'est pas normal de ne pas réussir à faire plus de trois passes. »

Les tentatives de réponses auront été vaines. Les Corses ont néanmoins pu compter sur leur gardien. Si Macedo Novaes n'avait pas été aussi réactif devant sa cage, l'ouverture du score aurait pu se faire à l'avantage des Jaune et Vert dès la 5e minute, avec deux tirs successifs de Gakpé et Veigneau.

Emmenée par Matheus Vivian, l'un des Canaris sans conteste le plus présent, la ligne arrière nantaise aura su sauver de nombreuses attaques bastiaises, au soulagement du nouveau gardien nantais Rudy Riou, trop souvent dépassé. Autre belle prestation, celle du jeune Veretout, qui n'a pas déçu le successeur d'Anziani : « Le symbole que je retiens du match, c'est Jordan (Veretout). Il n'a rien lâché, alors que c'est le plus jeune de l'équipe. Si un joueur avait dû être timoré, c'est bien lui, pour son premier match à la Beaujoire. Il s'est tout de suite recentré. Alors si ça doit être un jeune qui montre l'exemple, ce sera un jeune ! »

Pour Frédéric Hantz, la victoire est belle mais logique. « Nantes est encore en manque d'automatismes et de ressources athlétiques pour aller chercher le score. La continuité et le travail font la grosse différence en début de saison. Il se pourrait que Nantes ait encore besoin de temps. »

Déjà inquiétant la semaine passée dans les Ardennes, Nantes est de nouveau passé à côté hier soir à la Beaujoire, cette fois face à un promu. Et les failles du FC Nantes de violemment apparaître au grand jour, à nouveau, et ce dès le premier match à domicile.

Landry Chauvin, l'entraîneur nantais n'a de cesse de le répéter. Il faudra au FC Nantes du temps. Du temps pour construire un collectif aux rouages huilés, du temps pour dégager une équipe type et pour cumuler du temps de jeu commun. Le constat est cruel après deux journées, Nantes a volé en éclats en autant de matchs face à des équipes comptant sur des effectifs stables et habituées à jouer ensemble. On pouvait logiquement s'attendre à ce que le FCN chute à Sedan. Que Bastia, à peine promu de National vienne faire sauter une banque nantaise déjà fissurée, a en revanche de quoi faire craindre une nouvelle saison galère entre Loire et Erdre.

Il ne sert à rien de se voiler la face, les failles sont nombreuses dans l'édifice FC Nantes de ce début de saison. Loin, très loin déjà des espoirs suscités par l'arrivée d'un entraîneur tourné vers la construction et la formation et de l'émergence en équipe première de plusieurs jeunes, Nantes est coincé entre l'urgence d'attendre que son échiquier se mette en place et celle des résultats.

Le FC Nantes aura certes été plutôt séduisant dans l'entame du match hier soir, se créant plusieurs occasions et développant quelques mouvements bien sentis. Il aura manqué le réalisme à Dalé et ses coéquipiers pour traduire au tableau d'affichage ces bonnes intentions et, peut-être, changer la physionomie d'un match au scénario presque écrit d'avance.

Las, se heurtant à un gardien corse en verve, le FC Nantes nouveau est rapidement retombé dans ces travers.

Chauvin le soulignait cette semaine, son équipe déraille dès qu'elle rencontre la moindre difficulté. Le moindre grain de sable enraye une machine nantaise dont le problème numéro un semble à nouveau être d'ordre mental. L'entraîneur du FC Nantes le soulignait cette semaine, son équipe compte trop de joueurs baissant les bras dès lors qu'une difficulté se présente face à elle. Un état de fait devenu rengaine ces dernières saisons à Nantes.

Hier, les Jaunes auront fait illusion une mi-temps. Ensuite, ses limites actuelles ont logiquement permis à une équipe bastiaise bien rodée de venir cueillir facilement trois points à la Beaujoire, les failles nantaises devenant criantes au fur-et-à-mesure que la seconde période avançait.

Dans les buts déjà, Rudy Riou aura connu une première titularisation catastrophique devant le public nantais. Mauvais dans ses dégagements au pied, hésitant dans ses sorties, le nouveau portier a surtout semblé manquer de communication avec sa défense et commis plusieurs erreurs indignes de ce niveau : ballons mal captés, battu à plusieurs reprises et sauvé par ses coéquipiers sur la ligne, il est aussi juste sur le coup-franc de Khazri et son placement sur le second but laissera dubitatif. Riou, copieusement sifflé durant le match, est déjà pris en grippe par le public. Pas idéal à un poste où la confiance est une condition indispensable.

Devant lui, les failles étaient aussi nombreuses dans une défense nantaise aux abonnées absentes. Cheyrou, pourtant rapidement sorti sur blessure, Cissokho, entré à sa place, et surtout Vivian ont marqué les esprits par leurs errements. Manque de maîtrise, placements approximatifs (le second but est malheureusement un modèle du genre) et absences d'interventions tranchantes auront offert des boulevards à l'attaque corse. Si l'on tentait l'ironie, on pourrait dire que le FC Nantes a, comme à Sedan, soigné son goal average en ne prenant que deux buts.

Passées les premières offensives prometteuses du début de rencontre via Dalé notamment, les milieux et attaquants nantais ont rapidement disparus de la circulation hier soir. Seul le jeune Jordan Veretout, par sa combativité, pouvant sortir du terrain en ayant le sentiment du devoir accompli.

Victime et coupable de failles à tous les étages, le FC Nantes, qui a totalement lâché mentalement dès le premier but bastiais, avait l'opportunité de se réconcilier avec son public. A défaut, la fracture entre les supporters et le FC Nantes s'est encore aggrandie hier soir. Hués après les buts corses, les joueurs nantais sont sortis du terrain sous une bronca qui en disait long sur la frustration d'un public excédé de voir ses protégés manquer de volonté et se diriger vers une nouvelle saison galère.

La sono mise à fond pour couvrir les chants demandant le départ de Kita n'y changera rien; si la saison est encore longue et le temps de reconstruction nécessaire compréhensible, le FC Nantes est au pied du mur et a de bien trop nombreuses failles à cimenter pour espèrer jouer les premiers rôles cette saison. Déjà...

C'est décevant de constater qu'on n'arrive pas à reproduire en match ce que l'on travaille à l'entraînement. On se met en difficulté pour des choses simples. Il faut maintenir le cap, conserver notre ligne directrice et surtout croire en ce que l'on fait. C'est de cette manière qu'on pourra inverser la tendance.

Ressentez-vous déjà une forme de pression ?

Il n'y a pas le feu au lac. On doit forcer notre destin, éviter de cogiter et surtout ne pas croire que ça va venir tout seul. On ne nous fera pas de cadeau. Je sais simplement qu'en Ligue 2, ce sont les équipes qui mettent rapidement un terme à leur passage à vide qui réussissent. Le Mans et Lens sont un peu dans la même situation. Nous, on a battu Reims en coupe de la Ligue mais cette même équipe compte déjà deux victoires en championnat. Notre passage à vide intervient d'entrée. À nous de nous ressaisir en s'appuyant sur nos principes. Il faut être conscient de la réalité et rester naturel. Ce n'est pas le moment de se poser 3000 questions.

Mentalement, le groupe vous semble-t-il assez costaud pour réagir ?

On ne fuit pas nos responsabilités. Dans le vestiaire, je n'ai entendu personne dire que ça allait venir tout seul. On manque d'automatismes et de vécu mais on doit aller au-delà de ce constat. On manquait de joueurs d'expérience la saison passée. Ce n'est pas une question d'âge. Maintenant, si on n'a pas été bons vendredi soir, je constate que personne n'a triché. On doit apprendre à forcer notre destin. Il y a eu deux coups francs dans le match, c'est le mauvais qui est rentré. On a perdu tout seul le fil du match. Avant le premier but, on sentait qu'on ne faisait que retarder l'échéance. Sur le deuxième, on a ressenti une forme d'impuissance. Il y avait de l'envie, mais notre manque de maîtrise nous a pénalisés. Bastia nous a usés mentalement. On doit aussi progresser dans ce domaine. C'est à domicile qu'on construit une saison, qu'on prend confiance. Ceux qui sont restés ici veulent donner une autre image que celle renvoyée la saison passée. Alors, on ne va pas rester sur une frustration et s'enfoncer.

Par choix ou par obligation, la défense a déjà changé depuis le début de la saison. Est-ce aussi l'une des explications à cette entame ratée ?

Ce n'est pas l'idéal si l'on veut rester cohérent défensivement. Vu le nombre de buts encaissés et d'occasions concédées, on doit trouver un état d'esprit, faire bloc et se mettre au service du collectif. Avec Bruno (Cheyrou, sorti sur blessure et forfait demain soir en coupe de la Ligue), on commençait d'ailleurs à trouver des automatismes.

Vous présentez tous les deux des profils assez similaires. Votre association n'est-elle pas handicapée par un manque de vivacité ?

Ça me fait marrer comme analyse. Depuis le début de la saison, il n'y a pas eu de face à face. On ne va pas à 3000 km/h mais je constate qu'on n'a pas concédé d'action où l'attaquant adverse est parti dans notre dos pour défier notre gardien. Ce qu'on a fait a été cohérent. Être défenseur central, c'est être efficace, c'est une question d'état d'esprit. Chacun utilise ses forces. Quand on a 20 ans, on cherche d'abord le rendement individuel. Quand on approche de la trentaine, on sait que le collectif est ce qu'il y a de plus important.